Mis à jour le 06/02/2024
/PRESENTATION
Qui êtes-vous ?
Rézoway est une Société d’Accompagnement à l’International (SAI) qui accompagne les PME dans la création de leur écosystème commercial local et dans leur établissement pérenne en Amérique du Nord. En octobre de l’année dernière, Rézoway a célébré son dixième anniversaire! À ce jour, plus de 223 entreprises ont bénéficié de nos services, 132 d’entre elles ont été hébergées, et depuis janvier 2023, 202 mises en relation ont été établies.
Quel est le contexte dans lequel vous évoluez dans le cadre de vos activités ?
Canada : Cette année, notre activité se déroule dans un contexte marqué par un ralentissement de la croissance économique, avec un taux de croissance du PIB de 3,4% en 2023 et une diminution des investissements en raison de l’augmentation du taux directeur. En ce qui concerne les tendances du marché, nous constatons une augmentation du nombre de nouvelles entreprises spécialisées dans le secteur de la green-tech, favorisant ainsi l’émergence de nouvelles activités axées sur la responsabilité environnementale en Amérique du Nord.
États-Unis : L’économie des États Unis continue de confondre les experts. Bien que faisant face à une augmentation des taux directeurs rapide et punitive, la croissance du PIB reste vigoureuse, avec une augmentation de 4.6% au troisième trimestre. Le taux de chômage est à 3.9%, ce qui est historiquement bas. L’inflation se situe autour de 3.7% (après un sommet en 2022 à 7.7%). La récession qui était prévue en 2023 ne se matérialise toujours bien qu’on en ait quelques signes avant-coureurs. Tout ceci est sans doute lié à deux facteurs : (1) la résilience de la dépense des ménages et (2) des investissements massifs qui résultent de deux lois de financement de l’administration Biden : le « Infrastructure Bill » et « Inflation Reduction Act ».
SECTEURS PORTEURS
D’après vous, quels sont les secteurs porteurs pour les entreprises bretonnes sur le Canada et les USA ?
Canada : Le Canada offre des opportunités de croissance dans plusieurs secteurs en constante expansion. L’agroalimentaire, les technologies de l’information (TI) et le commerce en ligne sont trois domaines riches en opportunités. Les mesures de relance économique continuent de porter leurs fruits, attirant d’importants investissements dans ces secteurs clés. De plus, des secteurs tels que l’aérospatiale, les jeux vidéo et l’intelligence artificielle connaissent une croissance significative, notamment à Montréal.
États-Unis : Le moteur de l’économie américaine repose en grande partie sur la consommation des ménages, qui représente environ 70% du PIB. Aux États-Unis, certains secteurs se distinguent par leur dynamisme. Par exemple, le secteur de la technologie de l’information demeure en constante évolution et continue de prospérer, offrant des opportunités attractives pour les entreprises. De plus, le commerce en ligne est un domaine en plein essor, offrant de nouvelles perspectives commerciales. Cependant, il convient de noter que l’accès au marché américain n’est pas sans défis. Il s’accompagne d’exigences financières significatives, et la concurrence y est féroce. Par ailleurs, l’administration Biden a adopté une approche protectionniste avec l’initiative « Buy American », bien que cela ne se traduise pas toujours par des barrières insurmontables pour les entreprises étrangères. En outre, l’industrie agroalimentaire demeure un secteur porteur aux États-Unis, offrant des opportunités pour les entreprises étrangères, y compris celles de la Bretagne. Il est important de rester attentif aux évolutions du marché américain, car la diversité des secteurs et des opportunités requiert une analyse minutieuse et une stratégie d’investissement réfléchie pour réussir dans ce contexte complexe.
Comment conduire ses affaires dans ce pays et communiquer avec les partenaires ?
Canada : Le Canada représente une excellente destination pour le développement de ses activités, en grande partie en raison de son classement en tant que cinquième “meilleur pays pour faire des affaires” selon Forbes. Le pays bénéficie d’une main-d’œuvre hautement éduquée et talentueuse, ainsi que d’un système bancaire parmi les plus solides au monde. En ce qui concerne l’intégration, il est crucial de distinguer chaque État ou province en raison des variations dans les règles et les droits. Du point de vue de la communication, il est important de se rappeler que le réseautage est essentiel pour le développement commercial, et il est recommandé d’adopter une approche directe lors des présentations commerciales, en évitant les débats d’idées. L’anglais demeure la langue des affaires, même au Québec, en raison de la forte présence de communautés asiatiques et d’une diversité ethnique importante.
Cependant, la connaissance du français est très appréciée au Québec. Enfin, il est conseillé d’adopter un style de communication moins formel et une tenue vestimentaire décontractée lors des interactions avec les partenaires.
États-Unis : La première chose qu’il faut prendre en compte quand on veut aborder le marché des États Unis, c’est sa taille géographique (2500km x 4500km, 3 zones horaires, la France tiens confortablement dans l’état du Texas). A moins que vous vendiez des produits dématérialisés, la logistique sera un élément clé de votre déploiement. Il n’y a que peu d’entreprises vraiment «nationales» aux E.U et l’économie est régionalisée (Nord Est, Sud Est, Midwest, Sud-Ouest, NordOuest). Les E.U. sont la terre du « rêve américain » où tout (en théorie) est possible. L’esprit d’entreprenariat y est extrêmement développé. Les acheteurs et partenaires américains sont très pragmatiques et discuter « d’argent » n’est pas tabou.
Bien sûr, les communications se font en anglais mais l’espagnol n’est pas loin derrière (surtout dans les états du sud-ouest [Californie, Arizona, Nevada, Texas, etc]. Ainsi, maitriser l’anglais vous permettra d’être réactif et transparent dans vos communications, favorisant des relations positives avec vos partenaires américains. Enfin, n’hésitez pas à participer à des événements de réseautage, des conférences et des foires commerciales pour établir des contacts et élargir votre réseau professionnel.
PRATIQUES DES AFFAIRES
Dans le cadre des pratiques commerciales, lorsque l’on souhaite travailler avec le Canada ou les États-Unis, sur quoi doit-on être vigilant ?
Canada : Malgré la réputation du Canada en matière de qualité de vie, il est essentiel de demeurer conscient de la grande flexibilité sur le marché du travail et de l’emploi, facteur qui peut freiner la quête de gains de productivité et les investissements dans ce domaine. Il peut parfois être plus facile d’entrer sur le marché canadien en vue de développer ultérieurement ses activités aux États-Unis.
États-Unis : Chaque état de E.U. est indépendant au niveau de ses lois. Et les lois (incluant la fiscalité) peuvent grandement varier d’un état à l’autre. Ceci requière un support très solide d’avocats et de comptables. Les lois du travail sont complètement différentes (et beaucoup plus permissives) qu’en Europe. Finalement, si vos produits sont assujettis à des approbations règlementaires (comme par la Food & Drug Administration [FDA]) consultez des spécialistes et prévoyez un budget suffisant et des délais qui peuvent être longs dans certains cas. [Note : une approbation de la FDA ne suffit pas car dans certains cas, il faudra aussi poursuivre un enregistrement du produit état-par-état).
Comment les Français sont-ils perçus au Canada et aux États-Unis, et à fortiori, les Bretons ?
Canada : Bien que subsiste le cliché québécois du “maudit Français”, hérité des importantes vagues d’immigration françaises au Québec, les Français bénéficient aujourd’hui d’une meilleure perception en raison de leur ouverture d’esprit accrue et de leur admiration pour la société québécoise, comparativement aux vagues précédentes. Quant aux Bretons, ils sont particulièrement bien accueillis en raison de leurs liens historiques avec des figures clés québécoises telles que Jacques Cartier et Louis Hémon, originaires de Bretagne, ainsi que leur histoire commune avec les musiques traditionnelles. En ce qui concerne les affaires, un problème courant est que les Français ont parfois tendance à s’obstiner à maintenir leur modèle économique lors de leur expansion au Canada, arguant des avantages technologiques ou autres, ce qui peut s’avérer un obstacle significatif à leur succès sur le marché canadien.
États-Unis : La France est réputée pour ses produits de luxe, mais aussi son ingénuité technologique. En revanche, bien au-delà de 50% des Américains seraient incapables de reconnaitre la France sur une carte anonymisée de l’Europe. Ce taux monterait à au-dessus de 90% si on demandait où se trouve la Bretagne sur une carte de France. Bien sûr, il reste encore quelques idées reçues par rapport aux Français, mais, au bout du compte, c’est le pragmatisme qui domine et si vous avez un produit qui donne des bénéfices concrets, un Américain va vous écouter, d’où que vous veniez.
Et à l’inverse ?
Canada : Les Français ont fréquemment tendance à considérer le Canada comme un pays de rêve, synonyme de sécurité, de bienveillance, et où toutes les possibilités semblent à portée de main. Cependant, la réalité est tout autre. Même si les Français, en particulier les Bretons, sont souvent perçus comme des acteurs facilitant la concrétisation de projets, il est crucial de ne pas négliger les nombreuses différences culturelles qui se manifestent au quotidien.
États-Unis : De France, on perçoit souvent les Américains comme « bruyant » et manquant de finesse. C’est une fausse image. Les Américains sont faciles à approcher et les premières rencontres ne sont pas encombrées de réticence, voir résistance qui peuvent être commune en Europe. Cependant, cela ne veut pas dire que vous vous faites des amis en 15 minutes. Faire des affaires aux E.U, c’est avant tout être pragmatique. Et si on vous demande le prix de votre produit, ne pas répondre « Cela dépend » car cela sera un manque de transparence.
FORCES ET FAIBLESSES
LES ERREURS À NE PAS COMMETTRE
Que faut-il savoir lorsque l’on souhaite travailler avec le Canada ou les États-Unis ?
Il faut garder en mémoire que la culture d’entreprise est très différente en Amérique du Nord, que ce soit au Canada ou aux États-Unis, en comparaison avec la France. En effet, la plupart des décisions sont motivées par le profit, et les droits du travail sont fondamentalement différents. Aussi, le fonctionnement des entreprises est fondamentalement différent au niveau des relations entre gestionnaires et employés. La notion de « hiérarchie » à respecter en tout temps est inexistante. D’autant plus que leur vision du monde est également très différente, ces éléments font qu’il est nécessaire d’avoir une certaine ouverture d’esprit afin de s’acclimater correctement aux codes du pays. Un conseil à garder en tête lorsque l’on reconstruit son écosystème d’affaires en Amérique du Nord est qu’il est important de différencier chaque État ou province des droits nationaux, car les règles et les droits sont différents.