Mis à jour le 10/06/2022

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L’OMC pourrait revoir à la hausse ses dernières prévisions anticipant une chute de – 9,2 % du commerce mondial de marchandises en volume.
Dans un contexte toujours aussi hautement incertain, l’organisation se projette d’ores et déjà sur un rebond de + 7,1 % pour l’année à venir, toutes les régions étant susceptibles d’enregistrer de fortes augmentations, à pondérer toutefois à l’aune des niveaux de chutes subis l’an passé.

Une nette amélioration des échanges de biens

Après avoir accusé une chute de -15,6 % au 2e trimestre 2020, les échanges mondiaux de marchandises ont rapidement affiché un net rebond au 3e trimestre 2020, enregistrant une baisse de “seulement” – 5,6 % par rapport à la même période en 2019, pour accélérer ensuite vers une solide reprise au 4e trimestre, favorisée en cela par les exportations de la Chine et les importations d’Amérique du Nord et d’Europe.

Si les projections pour 2020 pourraient au final s’avérer moins sévères qu’initialement anticipé, l’élan observé fin 2020 pourrait toutefois ralentir au 1er semestre 2021 en raison des incertitudes qui continuent de régner concernant l’évolution des campagnes de vaccination et de leur efficacité face aux nouveaux variants de la Covid-19, ce dont dépendra un éventuel “retour à la normale” pour les échanges au niveau mondial.

L’OMC pointe en effet qu’après avoir affiché de nets regains fin 2020, les indices liés aux ventes de l’automobile et au trafic maritime de conteneurs montreraient déjà des signes de ralentissement en ce début d’année, tandis que diverses matières premières et composants électroniques pourraient avoir avant tout bénéficié de pics dans leurs échanges en décembre du fait de l’écoulement des stocks accumulés au 1er semestre.

 

Reprise plus tardive dans les services

L’OMC estime par ailleurs que le commerce mondial de services tend aussi à rebondir, après avoir été encore plus nettement et durablement freiné tout au long de 2020, n’affichant une légère reprise qu’en fin d’année.

De même que pour les marchandises, les perspectives des services pour 2021 restent très incertaines en raison de l’affaiblissement de secteurs comme les transports aériens ou les TIC.

L’avancée inégale des campagnes de vaccinations laisse déjà présager une reprise seulement partielle des vols internationaux courant 2021, et cela, à condition que les variants ne viennent pas davantage compliquer la donne.

D’autres indices sont néanmoins plus encourageants, tels les directeurs d’achat de services, le transport par conteneurs, la construction ou surtout les services financiers.

Des rebonds à pondérer à l'aune de 2020

Anticipant une hausse de + 7,1 % dans les échanges de marchandises en volume entre 2020 et 2021, l’OMC estime que la croissance sera principalement tirée d’une part par l’Asie, dont les exportations et les importations augmenteraient respectivement de + 5,7 % (après une baisse modérée de – 4,5 % en 2020) et de + 6,2 % (après une baisse modérée de – 4,4 %), et d’autre part par l’Amérique du Sud, dont les importations rebondiraient de + 6,5 % (après une chute de – 13,5 %).

Pour l‘Europe, les exportations rebondiraient de + 8,2 % (après une chute de – 11,7 %) et les importations de + 8,7 % (après une baisse de – 10,3 %).

Enfin, l‘Amérique du Nord devrait voir ses exportations et ses importations respectivement progresser de + 10,2 % (après une chute de – 14,7 %) et de + 6,7 % (après une baisse de – 8,7 % en 2020).

 

Des remous localisés selon la compétitivité

De son côté, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) a publié des estimations d’après lesquelles le commerce mondial aurait enregistré une baisse de – 9 % sur l’année 2020, les échanges de marchandises reculant de – 6 % et les services de – 16,5 %.

À l’instar de l’OMC, la Cnuced observe également un ralentissement de la reprise des échanges de marchandises et de services début 2021. L’organisation a réalisé une analyse de la manière dont la Covid-19 a affecté la compétitivité des pays à l’export l’an passé et pointe que certaines économies ont gagné des parts de marché dans certaines de leurs spécialisations, tout en subissant de nets reculs dans d’autres.

Sur la base de ses indices de performance à l’exportation des pays et de volatilité des exportations, la Cnuced pointe que la baisse de la demande mondiale aurait contraint les fournisseurs les moins compétitifs à quitter les marchés mondiaux, permettant aux plus compétitifs de progresser davantage lors des reprises, voire de capter des nouvelles parts de marchés.

Cela se serait notamment manifesté dans la reprise dynamique des échanges de marchandises en Asie de l’Est au 4e trimestre, que ce soit en Chine, à Taïwan, ou au Vietnam, alors que les tendances ont été plus ralenties ailleurs.

 

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Chine et Allemagne, mieux épargnées ?

La crise sanitaire devrait favoriser la Chine au terme de 2020, celle-ci creusant l’écart avec les autres grands exportateurs mondiaux du fait des croissances pouvant être attendues aussi bien pour la Chine continentale que pour Hong Kong et Taïwan.

D’après le dernier Rapport du commerce extérieur de la France publié par la Direction générale du Trésor début février, un indicateur de cette reprise plus rapide serait le fait que les parts de marché en valeur de la Chine au sein des exportations mondiales de biens ont atteint 16 % aux 2e et 3e trimestre 2020, contre 13,3 % en moyenne en 2019.

Les USA ont à l’inverse pâti de la situation, leur part de marché tombant à 7,9 % au 3e trimestre 2020 (contre 8,7 % en 2019).

L’Allemagne semble avoir mieux résisté, sa part atteignant 8 % au 3e trimestre, soit un niveau légèrement supérieur à 2019 (7,9 %), de même que les Pays-Bas et le Japon, dont les parts sont restées plutôt stables au sein des exportations mondiales (soit respectivement 3,8 % et 3,3 %) alors que la France et l’Italie ont vu leurs parts s’éroder au 3e trimestre à respectivement 2,5 % et 2,6 % (contre 3 % chacune en 2019).

 

France: une année plombée par l'aéronautique

D’après le rapport de la DG du Trésor, la France avait réussi à stabiliser entre 2012 et 2019 sa part de marché à 3 % de la valeur des exportations mondiales de marchandises et à 3,5 % en valeur comme en volume pour les biens et services combinés.

L’intégration des pays émergents dans le commerce mondial a en effet ralenti sur cette période, en particulier celle de la Chine, tandis que la France a vu sa compétitivité coûts renforcée grâce à diverses mesures d’allègement des charge et d’incitations fiscales, sans négliger les performances de secteurs clés.

Bien qu’il soit trop tôt pour tirer toutes les conclusions de 2020, la DG du Trésor anticipe que la part de marché française devrait être affectée par les lourdes pertes de certaines de ses spécialisations, en particulier l‘aéronautique et le tourisme.

Les tendances de 2020 tendent en effet à être plus négatives pour la France que pour nombre de ses principaux compétiteurs, en particulier hors UE-27.

 

 

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