Mis à jour le 23/06/2022

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Pierre Dhomps, société Energy7 International et prestataire agréé de BCI en Chine propose une enquête menée sur le thème des compatibilités EUROPE / CHINE via sa newsletter d’octobre 2021 :

 

Pékin a lancé une vaste campagne règlementaire sur les entreprises technologiques

 

Pour Pékin le but est triple :

  • Lutter contre les monopoles, mettre fin aux abus de positions dominantes et aux pratiques anticoncurrentielles
  • Assurer le contrôle des données. Le Président XI Jinping disait en 2013 : Celui qui contrôle les données, a le dessus.
  • Garantir la « prospérité commune » et lutter contre « les dérives du capitalisme » : nouveau mantra social officiel.

Ces dispositions s’inscrivent dans un vaste plan visant à la régulation de la fintech, des cryptomonnaies, de l’e-commerce, des jeux vidéo, des sociétés de VTC, des médias sociaux, de l’éducation en ligne, des plateformes de location de logements ; mais aussi pour contrôler les introductions de sociétés chinoises aux États-Unis ; et également permettre un encadrement des données, une limitation de l’usage des algorithmes…

Alibaba a été le premier à en faire les frais avec sa fintech Ant Group, qui a écopé en avril dernier une amende exceptionnelle de 18 milliards de yuans, soit 2,3 milliards d’euros et s’est vu refuser pour abus de position dominante l’introduction à la Bourse américaine de sa filiale Ant Group pour 34 milliards de dollars. Aux graves amendes appliquées à son encontre, Alibaba a aussitôt répliqué : « Nous acceptons sincèrement cette sanction et nous nous y conformerons fermement ».

Puis ce fut Didi, l’empereur chinois des VTC, puis Meituan, le champion de la livraison à domicile. Didi, le « Uber chinois » possède 90% du marché local des VTC après avoir chassé Uber au terme d’une bataille sans merci. Il s’est de ce fait trouvé en position de quasi-monopole. La décision des autorités a été prise pour calmer la concurrence, mais aussi comme moyen de protéger les chauffeurs.

Après Alibaba et Didi, 34 autres entreprises du numérique, dont les géants de l’internet, Baidu, Tencent (WeChat) et ByteDance (propriétaire de TikTok) ont été à leur tour convoqués par les régulateurs, comme indiqué par l’Administration du Cyberespace de Chine (CAC) pour des problèmes d’entraves à la concurrence.

Même peine pour BOSS Zhipin, premier site de recherche d’emploi en Chine, qui enregistrait 25 millions d’utilisateurs actifs par mois au premier trimestre 2021 et Full Truck Alliance, l’Uber des camions, avec 10 millions de chauffeurs et plus de 5 millions de propriétaires de camions sur sa plateforme.

Pour Tencent, Pékin lui a interdit d’utiliser les droits exclusifs de la musique en ligne car, avec sa participation majoritaire chez son concurrent China Music Group, Tencent Music contrôle plus de 80% des droits de diffusion de musique en streaming.

Les entreprises technologiques chinoises subissent de fortes pressions dans un contexte d’inquiétude croissante quant à leur influence en Chine. En effet les consommateurs ont l’habitude d’utiliser ces grandes plateformes pour de nombreux services : communiquer, faire des achats, payer des factures, contracter des prêts, réserver des taxis et réaliser de multiples tâches quotidiennes.

Ces différentes dispositions font plonger les géants de l’internet chinois en Bourse. Le risque réglementaire semble notamment de plus en plus élevé pour les sociétés de service.

Pour le gouvernement chinois, l’idée n’est pas de tuer les géants de l’internet chinois mais de mieux les réguler, et de protéger les commerçants et les utilisateurs qui vont spontanément sur ces plateformes pratiquant des abus monopolistiques.

Par ailleurs Pékin prépare un règlement spécifique sur la protection des données dans le but de sanctionner les entreprises qui amassent des données en trop grande quantité, sans fournir de garantie quant à leur protection. Mais ce phénomène de chasse aux monopoles n’est bien évidemment pas uniquement circonscrit à la Chine. Aux États- Unis, Joe Biden a depuis plusieurs mois les GAFA « dans le collimateur ». En Europe, la Commission Européenne a également décidé d’utiliser le Digital Markets Act et le Digital Services Act, à la fois pour s’opposer aux monopoles et garantir le contrôle des données.

Seule différence apparente : la Chine a frappé plus vite et plus fort, montrant indirectement l’intérêt d’une règlementation plus stricte aux pays occidentaux.

 

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